La malchance. {P.V Suzuki}

Sujet: La malchance. {P.V Suzuki} Dim 28 Sep - 6:27

La Malchance

P.V Suzuki

Lors de cette dernière heure de littérature, le professeur s'était permis de dériver sur la notion de la malchance. Studieuse comme toujours Aya prit toutes les notes qu'elle put sur son cahier. Elle retint tout particulièrement la citation suivante : « La malchance est le produit du hasard ; c'est l'expression de la volonté du sort – sur laquelle, nous-mêmes issus du hasard et misérables prétextes d'un échec temporel, nous n'avons aucune prise. » d'Emil Cioran, auteur roumain que le professeur avait cité pour appuyer ses dires. La demoiselle à la réflexion trouva celle-ci très juste . Elle ne croyait aucunement à une vie déjà prédestinée, nos actions, n'étaient en rien écrit à l'avance. Cette éventualité ne pouvait pas aboutir selon la jeune fille, du moins elle espérait que rien n'était tout tracé. Sur ces derniers songes, la cloche sonna.

Elle s'en alla par la suite au réfectoire. La plupart des places étaient déjà prises et elle dut s'armer de patience pour en trouver une de libre. Finalement, elle s'incrusta auprès d'élève de secondes années. Ils discutaient de sujets lambdas qui n'intéressaient guère la demoiselle puisque non concernée. Depuis son entrée à KHS, elle n'avait que rarement mangé auprès d'amies. Généralement soit elle allée à une table seule ou bien se retrouvait dans la situation-ci présente. Peu agréable, mais elle s'en était accommodée. Tout en mangeant sa soupe, elle lisait une nouvelle que leur professeure de français, Mademoiselle Nesrine, leur avait donné. Un conte algérien nommé « Le Sultan » . Il y avait certains mots qui lui échappèrent, même beaucoup. Néanmoins, en se forçant les méninges, elle arriva à deviner plus ou moins la signification du texte et trouva le tout très joliment raconté. Ah, côté fleur bleue...

Une fois le repas finit, et surtout la nouvelle lut, Aya se décida à rentrer dans sa chambre. Quoi que non le couvre-feu n'était que dans une heure. Pour une fois, elle pouvait bien attendre avant de devoir rentrer dans sa chambre et faire passer le temps avant de tomber dans les bras de Morphée. C'est ainsi qu'elle se décida à errer en dehors du bâtiment. La nuit tombée, elle observait les étoiles. N'était-ce pas le plus beau des spectacles que d'admirer ce ciel ? L'handicapée aimait ce calme et la beauté de cette nature. Elle savourait ses minutes de contemplations oubliant sa vie de lycéenne, l'établissement, son quotidien.

Néanmoins, la réalité la rattrapa. La baisse de température soudaine lui fit prendre conscience qu'elle frissonnait.. Légèrement désappointée, elle se résigna à rentrer. Un léger soupire s'échappa de ses lèvres à l'idée de terminer un exercice de Biologie avant de s'endormir. La jeune fille poussa lentement son fauteuil roulant. Elle essayait de grappiller quelques minutes avant la reprise de la routine. Puis vint le moment où elle fut en face de sa porte. La brune sortit la clé de sa chambre et ouvrit. Rectification : tenta d'ouvrir. En vain. De ses maigres forces elle força le passage. Mauvaise idée. La clé resta coincée à l'intérieur de la serrure bloquée. Silencieuse face à ce misérable spectacle la jeune fille repensa à la citation suivante : La malchance est le produit du hasard ; c'est l'expression de la volonté du sort – sur laquelle, nous-mêmes issus du hasard et misérables prétextes d'un échec temporel, nous n'avons aucune prise. Oui, c'était la volonté du sort qui lui envoyait là un signe.