C'est lourd. J'en ai ma claque de traîner ma valise. Quand il faut monter ou descendre un escalier, je me retrouve à donner des coups de pied dans le boulet derrière moi. Même sans escalier, un caillou suffit pour que je râle en secouant la valise.
Je suis paumé. Sérieusement, je ne sais pas où je dois aller, qui je dois rencontrer, quelle porte ouvrir, rien ! Chambre 301...  Je t'en foutrai des 301, c'est énorme comme numéro ! Fatigué de courir dans tous les sens, je m'assois sans ménagement sur ma valise. Mes précieux mangas sont rangés dans un autre sac. Et au milieu d'un couloir, je choisis d'en lire un. Il faut attendre que le courage revienne pour partir à l'aventure et trouver la chambre ! Même pas un trésor, seulement une chambre... Alors qu'avec un trésor, on peut avoir plusieurs chambres. Il faudrait que quelqu'un demande au directeur qu'il offre un trésor et non une chambre aux nouveaux, il attirera plus de monde.

Je ne peux pas rester éternellement dans ce couloir, ça a l'air de déranger, et j'ai fini ma lecture. Je crois que je n'avais pas vraiment réalisé avant, mais je suis tout ce qu'il y a de plus perdu. Je ne croise que des filles, pas une seule personne du sexe opposé... Alors, certaines me traitent de voyeur, et pourtant, j'essaye de suivre au mieux le plan. Ça m'irrite vachement, n'empêche, qu'on me prenne pour un voyeur, ma tête laisse pas penser ça ! Mais bon, j'ai pas envie de me faire remarquer d'avantage, elles sont pas obligées de savoir ce que je pense. Au final, je ne fais que balbutier des excuses pour pouvoir passer quand je croise quelqu'un.

Bredouille, les yeux humides, j'arrive devant la porte. Ma chambre, ou pas ? Il y a une fille en face, on dirait qu'elle est arrivée à destination, comme moi. Je sors un morceau de papier chiffonné, reste du plan, pour vérifier que je ne me suis pas trompé.

« Je crois que tu t'es trompée, je suis dans cette chambre. Et euh... Les chambres sont pas mixtes... »

Je lui tends le papier pour appuyer mes paroles, et après... Je reste où je suis, j'essaye de me retenir de ronger mes ongles, ou triturer mes mains.

« Il y a trois autres personnes avec moi, normalement. »

J'ai peut-être la chance monstre d'avoir été placé dans une chambre de filles ? Si on peut parler de chance... Je fixe la fille, me dire qu'elle pourrait être sympa ne me traverse pas l'esprit. Si elle me demande de partir, hors de question ! Je sais que c'est ici que je dois aller, je veux pas me retrouver dehors. Enfin, entre mes pensées et mes actes, il reste toujours un sacré fossé.